Lettres rustiques

Vendredi 27 octobre à 20h30 | Gratuit | Théâtre par la Cie La Grôle/Cie Failli Gueurzillon

la Gueffrais, Abbaretz, CUMA de l’Arche

Spectacle accueilli par la CUMA de l’Arche 

Entre 1927 et 1931, furent publiées dans le Courrier de Châteaubriant, sous la plume de Joseph Chapron, des lettres que Jean, ouvrier agricole à La Couyère (35), envoya à son cousin Pierre.

Cette correspondance écrite en parler local (gallo), nous plonge dans le quotidien d’un monde rural ancré dans ses traditions, mais déjà en pleine mutation.

Peuplée de personnages pittoresques, la Mère Bicereu, ben rigoustine, Zidore, son gars, le père Pescheloche, qui est près de ses sous, la patronne, pas toujours d’un bon paÿ, Julien Pivert, qui s’ crë enguenawdë, elle exprime tendresse, humour, colère ou amertume, à travers les petits moments du quotidien ou les grands événements de la vie.

J’ai profité du confinement (avril 2020) pour en faire une adaptation, dans l’optique d’un spectacle. Après plusieurs lectures publiques, un travail de  mise en scène est entamé en novembre 2021 avec Alexis Chevalier (1), du Théâtre Messidor. Un accordéoniste (diatonique), Gérard Vicet (2), et une « locutrice native », Marie-Annick Peuzé (3), chargée de mettre le public en condition lors d’un préambule lexical, m’accompagnent dans cette nouvelle aventure.

En juin et septembre quatre avant-premières sont jouées… Le jeu théâtral a pris le pas sur la lecture.

La création officielle est pour novembre 2022 à l’Espace Campagn’arts de Saint-Vincent-des-landes : les six représentations accueillent 750 spectateurs. Les retours sont excellents.

Jacques Feuillet (4)

@Freddy Piton

Les lettres de Joseph Chapron je les connaissais depuis bien longtemps. Une première fois , dans les années 90, nous en avions lu quelques extraits avec des comédiens du Théâtre 116 de Fercé lors d’une randonnée.

La première de ces lettres, qui raconte la sortie de Jean à la Foire de Béré, s’est invitée au beau milieu des discours lors de l’inauguration de la dite Foire, voilà une dizaine d’années. L’Exporama s’intitulait alors Théâtre et Compagnies.

Aujourd’hui naît le spectacle lettres Rustiques. C’est du théâtre et non pas une lecture de lettres. Pour avoir à maintes reprises travaillé avec Alexis Chevalier sur des textes qui n’étaient pas écrits pour le théâtre, je savais pouvoir compter sur lui pour faire vivre sur scène Jean et suggérer la présence des personnages dont il raconte les aventures.

« On ne va rien comprendre ! » Sans doute certaines personnes peuvent-elle avoir cette réaction en sachant que le texte est en patois (ou gallo). Qu’elles se rassurent. Le préambule intégré au spectacle met les gens en condition pour entrer dans la compréhension du texte. Le jeu théâtral aide aussi. La saveur de ce langage fleuri est plutôt un atout et on aimera à l’entendre, tout comme on se plaît à écouter parler un Québecquois ou un Chti. Les représentations données confirment que ce n’est pas un obstacle insurontable. Des spectateurs originaires d’autres régions ou plus jeunes ont pu apprécier sans connaissance préalable dans ce domaine.

Pourquoi ce choix ?

Outre l’attrait pour le langage, le contenu des lettres nous plonge dans une autre époque et nous dit comment on vivait alors dans les campagnes du Pays de la Mée. Le spectateur local reconnaîtra des noms de lieux familiers. Le décor est planté dans ce terroir.

Mais au-delà de cet aspect historique, elles contiennent les ingrédients qui apportent ce que le spectateur vient chercher au théâtre : l’émotion. On entre dans l’intimité de ce personnage et les situations qu’il vit vont parfois faire rire, mais elles apportent aussi leur lot de tendresse. Et puis au fil de ces lettres, c’est une histoire qui se raconte, qui évolue et dont on veut connaître la fin.

Louisfert. novembre 2022

Participation gourmande ! ( Solide ou liquide )

@Freddy Piton